À ceux qui pleurent…
Les lignes qui vont suivre n’ont pas la prétention de s’aligner suivant les fils d’un mouchoir. Pas plus qu’elles ne prétendent pouvoir réussir l’ablation des glandes lacrymales. Elles auront peut-être le mérite de susciter des regards nouveaux ou mieux d’établir la relativité de ce qui nous déçoit, nous déroute, nous dérange, nous blesse, nous bouscule, nous ronge et, au pire des cas, nous tue ! Aussi, sentirions-nous utile de savoir qu’elles ont au moins servi de socle aux têtes et aux cœurs favoris des épreuves de la vie auxquels il manquait un peu de repos.
Il est de plus en plus reconnu qu’une échelle de douleur n’a pas la valeur d’un thermomètre. La perception de la douleur varie donc d’un individu à l’autre. Ce qui explique qu’une piqûre de moustique chez l’un suscite les réactions propres à une frappe nucléaire chez l’autre. Mais toute relativité mise à part, il demeure que la mort, la maladie, la séparation, la décadence appellent une émotivité tendant vers l’universel et qui se manifeste le plus souvent par la tristesse et les larmes.
Certains prétendent que la tristesse est souvent l’expression visible d’une peur dissimulée et parfois même inconsciente. Un des promoteurs du pouvoir de l’instant présent, Eckhart Tolle, assimile la peur à une identification au Mental donc au Moi. Mais qu’importe le courant philosophique ou spirituel auquel l’on s’identifie, nous pensons qu’il est valable de considérer la tristesse comme un amenuisement de la foi ponctuelle ou un défaut d’appréciation d’une perspective qui nous dépasse. Nous voulons croire qu’en dépit des contradictions apparentes, le mécanisme de la vie est réglé suivant une logique d’évolution et de perfection. Une intentionnalité harmonisante s’assure de l’importance de l’infime comme de l’infini. L’océan a besoin de la goutte comme la fourmi a besoin de la terre. Et la vie ne remet ses clés de bonheur qu’à ceux qui la voient comme un mouvement d’alternance, d’interdépendance et de confiance.
Les difficultés, même dans leurs pires aspects, ne peuvent avoir le dessus que quand nous cessons de les voir comme des occasions de développer nos ailes, et surtout comme un feu devant permettre à notre or de briller de tout son éclat.
Essayons de changer de perspectives. Suivons la barque à la nage et arrêtons d’opposer la mort à la vie, de réduire l’amour au désir de possession, de substituer passé et futur au présent. Ainsi, osons-nous croire, que le cercueil de la chenille deviendra le berceau du papillon, les affres de la séparation deviendront les ailes de la libération. Il nous semble qu’on nous prend nos bras lorsqu’on nous ôte nos béquilles, mais rappelons-nous que nous sommes les fils de l’Univers et les projets qui sont formés sur nous, sont des projets de Paix et non de malheur.
L’âme n’éteint jamais sa sublime clarté,
Et lorsqu’au changement nature la convie,
Ce n’est jamais la mort, c’est un pas dans la vie,
C’est un progrès de plus dans l’immortalité. (Eliphas Levi)
Dr Valéry Moise
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