La jeunesse et la politique en Haïti

Article : La jeunesse et la politique en Haïti
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27 janvier 2015

La jeunesse et la politique en Haïti

Pour être honnête, la jeunesse haïtienne n’est homogène et n’autorise le pronom défini que dans le titre de ce texte. Si la vérité devait être rigoureusement honorée, la formulation la plus appropriée serait « Les jeunes et la politique en Haïti ».

Il me parait superflu de m’arrêter sur l’importance démographique des jeunes en Haïti. Le plus novice des politiciens décèle sans peine que c’est le premier refrain à mémoriser dans le cadre des campagnes électorales. Ensuite viendront les incontournables chansons d’accompagnement des paysans et la relance agricole. Et comme pour tendre un pont entre la parole et l’acte, quelques sacs de riz importés sont généreusement distribués aux paysans auprès de qui le vote est marchandé. Ce n’est pas chez nous que le ridicule va commencer par tuer !

Ici, il existe une option honorable au chômage et au désir d’enrichissement rapide et illicite : La Politique. Et le cheval de bataille reste inchangé à travers le temps : La jeunesse. Une jeunesse qui sert de slogan et qu’on s’efforce de maintenir dans la mendicité et la corruption. Une jeunesse peu à peu transformée en objets sexuels et instruments de violence. Une jeunesse fanatique détestant les livres et l’effort. Une jeunesse à qui échappent les vertus de la patience. L’heure est désormais venue pour l’opération de grands changements. La politique doit devenir une sphère réservée au plus capable ayant le sens du don de soi et de la primauté des intérêts de la Nation. De même que la jeunesse doit se faire l’obligation d’apprendre, d’observer, de se concerter, de s’entrainer dans la réalisation de projets communautaires avant de s’engager dans la chose publique. Ce n’est point parce que les ennemis du pays sont puissants qu’ils parviennent à garder la majorité dans cet état de crasse et d’indignité. Quand il y aura moins de barrières et de préjugés négatifs entre les jeunes ruraux et urbains, moins de méfiance entre les jeunes leaders, plus de transparence, d’honnêteté et d’esprit de service, les monstres disparaitront d’eux-mêmes. Mais tant que chaque jeune rescapé de la misère et de l’ignorance se prend pour un dieu capable de changer un système pourri à lui tout seul, tant que nous serons dans les rues pour crier ‘’Vive ou A Bas’’, nous demeurerons à la fois complices et artisans de nos malheurs.

La République n’a pas besoin de super héros mais de vrais citoyens laborieux conscients de leur mission historique. Aussi, le champ de la politique n’est-il pas le seul à devoir être alimenté en de meilleures semences. Soyons des éducateurs responsables, des entrepreneurs avisés, des professionnels compétitifs et créatifs, des acteurs valables de la société civile, des exemples vivants et le reste suivra. Quand le peuple sera suffisamment instruit, quand il travaillera et paiera des taxes, il demandera alors des comptes et il saura qui est réellement dans son intérêt. Ne combattons pas les discours mais les réalités qui leur permettent l’existence.

Jeunes de mon pays, vous qui constituez l’élite intellectuelle et économique, que vous soyez dans la diaspora ou l’amère patrie, vous avez une chance inouïe d’écrire de nouvelles pages d’histoire avec vos noms inscrits en lettres d’or et de gloire. Reconstituez l’itinéraire de vos parcours, comprenez pourquoi vous êtes encore à ce stade, découvrez pourquoi vous hésitez à éprouver de la fierté d’être haïtien et étonnez-vous, étonnez le monde !

 

Dr Valéry MOISE

lyvera7@yahoo.fr

 

 

 

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Commentaires

Ferjuste Marquise
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Je trouve intéressant l'article neanmoins j'aurais quelques réserves par rapport à cette definition de la politique que vous avez émise : "une option honorable au chômage et au désir d'enrichissement rapide et illicite "...je crois deviner ce a quoi vous voulez faire allusion et si j'ai vu juste, ce n'est pas ce qu'on pourrait appeler "La Politique".
Elle est bien trop noble et pure comme science et concerne tout un chacun à mon humble avis pour la réduire à une telle définition. La vraie préoccupation c'est de comprendre ce qu'on fait chez nous. Qui fait de la politique en réalité et comment?? J'aimerais ajouter pour finir que tout citoyen conséquent devrait faire de la politique, active ou passive. Nul ne devrait être indifférent par rapport à la politique dans son pays... En exerçant son droit de vote on y participe... Faire de la politique ne peut être une option honorable au chômage ou a l'enrichissement illicite si l'on n'est pas d'avance corrompu et prédisposé a chômer pour !

dakar
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Je trouve intéressant l’article neanmoins