Le prochain président
Le prochain président d’Haïti succédera au néant. Pas parce que rien n’a été fait, mais parce que tout a été englouti. Du prestige des hautes fonctions jusqu’à l’espoir des plus humbles. Ayiti, quoiqu’ayant l’habitude de flirter avec les plus rudes catastrophes, n’avait jamais atteint ce niveau où l’on s’inquiète, voire éloigne son enfant des récepteurs à chaque fois que le président doit prendre la parole. Nous avons connu la déshumanisation des colonisations, la constipation des dictatures, mais, jamais, incontinence verbale n’a été plus désastreuse que celle dont souffre notre actuel président.
Pour avoir, pendant longtemps, développé un rapport privilégié avec les proverbes, les Haïtiens savaient qu’une source ne pouvait fournir qu’une eau. Cependant en 2011, sous l’emprise probable de l’hébétude qui succède aux grands cataclysmes, le peuple a cru sien un choix qu’il n’avait pas fait et duquel il était raisonnablement impossible d’espérer grand-chose. En fait, ce n’était pas un choix de l’espoir. C’était le juste contraire. Une sanction du désespoir contre la classe politique répugnante et réfractaire au progrès. Le peuple s’était permis d’espérer la fin de la tyrannie avec le départ de quelques tyrans. Cette erreur a été fatale. La bête contenait un venin encore plus toxique et plus concentré dans sa queue !
Le prochain président succédera au néant, disions-nous. Pas parce que rien n’a été fait, mais parce que nous avons accouché et porté au trône un enfant ayant le don rare de désacraliser. Etant fils de paysans, toute ma vie on m’a appris que l’éducation était le meilleur ascenseur social. C’était la seule sainte qu’il m’était donné de vénérer. J’y crois encore en dépit des gymnastiques extraordinaires que déploient le chef d’Etat et ses acolytes pour m’en dissuader. Vous imaginez ma peine et mon indignation quand je constate toute la nauséabonde propagande qui est mise en branle pour faire la promotion contraire! Un pays ne peut pas construire sa jeunesse sur un modèle d’accident, un modèle qui détruit les têtes et qui inverse les valeurs. Ayiti ne trouvera pas la route du progrès en adoptant cette posture du gouvernement à chosifier la femme, imposer l’inculture et la grivoiserie et pire encore élever la corruption et l’improvisation en mode de gouvernance.
Le prochain président succédera au néant, mais devra faire des pas de géant. Son premier devoir sera de rétablir la place de la mission au-dessus du missionnaire. Jamais nous ne nous relèverons si le serviteur se considère plus grand que la cause servie. Ayiti a longtemps nourri des individualités et aujourd’hui, nous avons comme conséquence, des êtres chétifs avec des ego obèses. Ces êtres, pesanteur intellectuelle aidant, freinent tout élan de sauvetage collectif et impriment leur marque rétrograde aux communautés des humbles.
Avec le prochain président doivent revenir l’espoir et la culture de l’effort méritoire. Avec le prochain président doit revenir le président – citoyen. Avec le prochain président doit finir l’ère des narcotrafiquants et de l’impunité. Avec le prochain président doit s’ériger le seul pont qui puisse être tendu vers le progrès sans passer par les révolutions sanglantes: l’Education. Je veux dire la Vraie.
Dr Valéry MOISE, lyvera7@yahoo.fr
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